La Commission européenne vient de franchir une étape importante en plaçant l’énergie marine parmi les technologies clés pour accélérer la transition énergétique du continent. Dans un document d’orientation publié le 2 juillet, elle recommande aux États membres de consacrer au moins 5 % de leurs nouvelles capacités renouvelables d’ici 2030 à des technologies innovantes — une exigence issue de la directive sur les énergies renouvelables révisée.
Parmi ces innovations, l’énergie issue des vagues, marées, ou encore des différences de température et de salinité des océans, figure désormais en tête de liste. Une reconnaissance forte pour un secteur où l’Europe est déjà leader mondial en matière de recherche, développement et déploiement de projets pilotes.
Contrairement aux autres sources renouvelables, souvent intermittentes, l’énergie marine offre une production prédictible, régulière et saisonnièrement équilibrée. Par exemple, l’énergie des vagues continue à produire même après que le vent s’est calmé, et son intensité augmente naturellement en hiver — lorsque la demande énergétique est plus élevée et la production solaire plus faible. Quant à l’énergie marémotrice, elle est entièrement prévisible, ce qui en fait un atout précieux pour la stabilité du réseau électrique.
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L’Union européenne estime que l’énergie marine pourrait représenter jusqu’à 10 % des besoins actuels en électricité d’ici 2050. Cela représenterait 100 GW de puissance installée, des centaines de milliers d’emplois, et une filière industrielle 100 % européenne, tournée vers l’exportation. Un projet structurant à la fois pour la souveraineté énergétique et la compétitivité industrielle du continent.
Pour transformer ce potentiel en réalité industrielle, la Commission recommande aux États membres de mettre en place des soutiens dédiés, via des contrats pour différence (CfD) ou d’autres mécanismes sécurisant les revenus. Ce type de soutien a déjà permis de faire passer l’éolien et le solaire au niveau commercial.
Des pays comme le Royaume-Uni montrent déjà l’exemple, avec plus de 120 MW de projets marémoteurs attribués lors de plusieurs appels d’offres spécifiques. Pour les régions dotées d’un fort potentiel houlomoteur — comme l’Irlande, le Portugal, la France ou l’Espagne —, il s’agit d’une opportunité à saisir sans tarder.
Selon Ocean Energy Europe, le principal lobby du secteur, la feuille de route 2030 est cohérente avec la montée en puissance actuelle des projets. Les cinq prochaines années pourraient ainsi être déterminantes pour construire une nouvelle filière énergétique made in Europe et renforcer l’autonomie énergétique de l’Union.
En résumé :
L’énergie marine, longtemps restée en marge des politiques énergétiques européennes, fait désormais partie des priorités identifiées par la Commission. À travers un appel clair aux États membres, Bruxelles encourage le déploiement d’un soutien ciblé pour permettre à cette technologie de passer à l’échelle. L’Europe a une longueur d’avance — encore faut-il ne pas la laisser filer.
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